WE, so young and pure, chasing an absolute travelling by train...
No car, no, too young, scattered over sprawling rural areas.
And the stations we reached by bike...
But as soon as the whistle blew we left behind our gloomy childhood, the interferences of our TVs and the clean smells of tiled interiors.

But on the surface of our wet eyes you couldn't see the Tarnaise hovels passing by... AH AH AH! NO!

But our huge dreams of greatness, of noxious loves, of sensational departures, our dreams dug in the bark of our beings trembling of excitement.

This life was bound to be great! Or wasn’t gonna be. This life was bound to be great! We’d give it no choice...
POLLY JEAN! POLLY JEAN!

And in the sound space of our teenage delusions, she's standing, doing her cavernous vibrato.
She's standing... POLLY JEAN! POLLY JEAN!

We're failing to miss the train, absorbed as we are in the content of our ®Discman...
We're running, we're running, grazing the sole of our feet, breathless, exhausted, overexcited...

We're jumping on the bandwagon, it’s too important 'cause the horizon's opening up!
Do you realize ? 14 years waiting !

Bayard Street, stunned in the smell of piss, in the alcoholic whispers of the creepy cul-de-sac with all its tears...
While on puddles formed by who knows what the city's sparkling, flickering, the asphalt's shouting at us some magic pulses, rounding our spinal backbone with wild jerks...
LICK MY LEGS! LICK MY LEGS!

Then crammed in the hall, crowded, surrounded by strange and stranger bodies, full of barely contained energies, constantly trampling...
Something has to happen... At last here she is! She’s skinny Polly Jean but here she is!
So that’s it! Be oneself! Dig into their guts and throw them...
SPEAK TO ME! SPEAK TO ME!

Telluric demiurge to the air language, she trains her wand, imperial figure.
She eyes, incises, chisels, so white...
What a hysterical force! Fuck!
His mouth is full, her stilettos don’t run away, hey incise, chisel, so white...
More than a woman, for herself and for us.
The cave's screaming, we're hearing an imperial screeching...

LICK MY LEGS! LICK MY LEGS!

WHITHOUT OSTENTATION, SHE WAS STANDING, SHE WAS.
POLLY JEAN HARVEY.

***

NOUS, si jeunes d'un absolu que l'on déroulait au gré de nos voyages en train...
Pas de voiture, non, trop jeunes, disséminés en zones rurales tentaculaires, et les gares que nous rejoignions à vélo!
Mais sitôt le sifflet c'était l'enfance morose que nous laissions derrière, la télé crachouillante et les odeurs proprettes des intérieurs carrelés...

Mais sur la surface de nos yeux humectés ce n'étaient pas les masures tarnaises que nous voyions défiler... AH AH AH! NON!

Mais nos rêves immenses de grandeur, d'amours délétères, de départs fracassants,
Nos songes creusés dans l'écorce de nos êtres tremblants d'excitation...

Cette vie allait forcément être grande! Ou n'allait pas être. Cette vie allait forcément être grande! Nous ne lui laisserions pas le choix...
POLLY JEAN! POLLY JEAN!

Et dans l'espace sonore de nos délires adolescents, elle se dresse, posant son vibrato caverneux.
Elle se dresse... POLLY JEAN! POLLY JEAN!

On manque de rater le train, absorbés qu'on est par le contenu de nos ®Discman, on court, on court, s'écorche la plante du pied, essoufflés, éreintés, surexcités.

On prend le train en marche, c'est trop important, c'est l'horizon qui s'ouvre. Tu te rends compte ? 14 balais à attendre !

Rue Bayard, étourdis dans les odeurs de pisse, les murmures éthyliques des culs-de-sac glauques à en pleurer!
Alors que dans des flaques formées d'on ne sait quoi, la ville se réverbère en éclats, l'asphalte nous hurle des pulses magiques, arrondit notre dorsale épine de secousses sauvages...
LICK MY LEGS! LICK MY LEGS!

Alors massés dans la salle, cernés, entourés de corps étranges, étrangers, d'énergie à peine contenue, de piétinements incessants..
Il faut que quelque chose se produise...

Enfin elle est là! Elle est maigre Polly Jean mais elle est là!
Alors c'est ça, être soi, creuser dans ses viscères et les jeter là...
SPEAK TO ME! SPEAK TO ME!

Démiurge tellurique à la langue aérienne, elle dresse sa silhouette de baguette!
Impériale, elle toise, incise, ciselle, si blanche...
Quelle force hystérique, putain! Sa bouche est énorme, ses stilettos ne font pas de détours, ils incisent, cisellent, si blancs...
Plus qu'une femme, pour elle-même et pour nous, c'est le cri de la caverne, crissement impérial...
LICK MY LEGS! LICK MY LEGS!

SANS OSTENTATION, ELLE ÉTAIT, DEBOUT, ELLE ÉTAIT.
POLLY JEAN HARVEY.